Appel de projets!

Allô le bucket!

Fait que, j’ai vu Hamilton. La comédie musicale, pas la ville ontarienne. J’obsède sur cette œuvre depuis 10 ans, c’est ma plus longue relation !

J’étais assis en avant et non, je ne te dirai pas combien m’a coûté le 220 $.

Voici mon compte-rendu :

J’entre dans la salle pis je suis stressé de ne pas avoir de fun. Non mais, j’ai attendu une décennie, j’ai saturé ma crédit, y’a beaucoup en jeu ! C’est de l’anxiété devant performance.

La lumière s’estompe, mon souffle se coupe. À ma gauche, ma copine me serre fort la main. TA TADADADA TA TA ! Son regard lumineux se tourne vers moi, mais je ne le remarque pas. Je suis absorbé, comme quand t’écoutes Wall-E. (Si t’as jamais vu Wall-E, va l’écouter maintenant......... c’tait bon hein ! On continue.)

Dès les premières notes, mes pensées s’envolent : Wow ! Je vis mon rêve ! J’ai tellement de fun ! Attends… j’ai-tu trop de fun ? J’peux pas me permettre d’être énergique, je ne dormirai pas pis je travaille demain. Si j’suis fatigué, ça va être dur d’écrire un reel. À moins que j’écrive un reel sur Hamilton ? Une joke de bouffe avec Aaron BEURRE ? Oh mon Dieu… Partage jamais ça… Anyway, j’y penserai demain… Attends, non, j’ai pas le temps demain ! J’ai pas complété ma to-do list aujourd’hui. Faut que j’trouve l’idée live… Alexander HOTCHICKEN ?

Ça a duré quatre tounes.

Quatre tounes !?! C’est 10 % du spectacle, soit 22 $ de mon billet ! L’équivalent d’un bol poulet rouge ! Un deux saveurs en plus !!! Comment vais-je retrouver cet argent-là ? Certainement pas avec une blague sur le marquis de La CREVETTE. Non, attends… La BAVETTE. C’est plus français.

Bon… Je sais que mes pensées intrusives de travail sont wacks, mais ce n’est pas la première fois que ça arrive :

J’suis au musée, j’reçois un courriel : « Appel de projets ! », j’suis pu au musée.

Un dimanche soir, je soupe avec une amie : « Thomas, je dois partir tôt. Je vais commencer mes tâches pour prendre congé vendredi après-midi. » Elle a travaillé le vendredi après-midi.

À 23 h, ma copine ouvre la lumière au-dessus du lit : « Un collègue m’a texté, j’vais corriger le document tout de suite pour avoir l’esprit libre. » Elle n’a pas dormi.

Rien ne me choque là-dedans. Pour moi, c’est juste normal. Je suis un workaholic entouré de workaholics où toutes les alertes sont une exception à répondre. Ma vie a le rythme d’une chanson entrecoupée de pubs YouTube. (Mais pas la pub de cinq secondes, celle de trois minutes où tu dois activement peser sur skip. LAISSEZ-MOI ÉCOUTER SABRINA CARPENTER !)

Le spectacle se termine et comme tout bon spectacle, le salut n’est pas synchro. J’applaudis, mais je ne suis pas satisfied. En fait, j’ai honte. Honte d’avoir gaspillé un tiers de loyer pour brainstormer un estie de reel. Le vrai gagnant de la révolution américaine n’est pas Alexander Hamilton, mais Mark Zuckerberg. Mark ZuckerBURGER ! Voyons, arrête avec la bouffe !

Je sors du théâtre en silence. Ma copine texte non-stop. On a passé une belle soirée, non ?

Elle brise le malaise : « Excuse-moi, j’suis pas dans mon assiette. Pendant l’entracte, j’ai reçu un texto de job pis ça m’a mise à l’envers. »

Je lui serre fort la main, mais elle ne le remarque pas. Elle est absorbée, comme quand Wall-E perd la mémoire. (T’as la référence, tu l’as écouté v’là 400 mots !)

On entre dans le métro. À ma droite, un inconnu scrolle. Je me demande quel reel il écoute? Tiens, ça parle de bouffe !

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D’oucé que ça vient?