D’oucé que ça vient?
As-tu déjà paniqué à en vomir ? Oh oui, ça va être ça le ton. J’espère que t’es prêt·e. Ça s’appelle les vomis émotifs, pas les douceurs rationnelles (Quoique ça sonne ben ça aussi ! Shotgun le concept !)
Je t’entends dire : « Mais d’où vient cet étrange nom qu’est vomis émotifs ? » Content que j’écrive que tu me poses la question !
Ça commence le 11 avril 2015. Oh oui, il va y avoir de la date. J’espère que ton Excel est prêt. D’ici un an, je lance un wiki. Vomipédia !
Je suis à Valleyfield et je danse dans un party d’impro. L’air sent les joggings sales et les hormones cégépiennes. Le thème de la soirée : le cinéma. J’ai préparé* (*procrastiné) mon costume pendant des semaines. J’incarne Spock version Temu ! Oreilles pointues. Toupet carré. Virginité intacte. Top of my game. Mais si j’avais voulu cruiser, j’me serais déguisé en Han Solo.
C’est là que je croise son regard. Élizabeth. (C’est pas son vrai nom, ça sert à rien de me stalker.) La foudre me frappe de plein fouet. Y’a rien d’autre qui existe. Un regard d’une seconde et ma vie change. Aucun cours de philo ne m’a préparé à ça. J’entends Platon me chuchoter : «Bonne chance, bro. »
Un regard. Une seconde. Et les papillons m’envahissent. Mon cœur pompe. Et pompe. Et pompe. ET POMPE. Voyons. Et pompe encore ! POMPE POMPE POMPE. Caliss. POMPEPOMPEPOMPEPOMPE ! Les papillons brassent dans mon ventre… Ils veulent sortir.
Bref, j’ai vomi. Déguisé en Spock. À Valleyfield. Ark. (J’te dis pas auquel des trois j’ai dit ark.)
Un regard ! Une seconde ! Pis je vomis ! À quel point c’est too much !!! Une toune de Kpop me dirait : « T’exagères ! »
Genre si mon corps écrivait un courriel, il mettrait un point d’exclamation à la fin de chaque phrase. (Ne pas relire le dernier paragraphe.)
Un regard. Une seconde. Et la peur qu’Éli dise ark aux oreilles pointues, au toupet carré, à la virginité ou aux trois. Par chance, elle aimait Star Trek.
C’était ma première crise de panique. À l’époque, j’étais incapable de le verbaliser. Je blaguais que mon corps aimait tellement fort, il tombait en choc vagal. J’ai revu Éli. J’ai revomi. J’t’allé voir ma médecin… après 10 ans.
Sous les posters du système nerveux, je lui ai avoué que j’appelais ça mes vomis émotifs. Elle n’a pas ri, mais m’a soigné quand même. Le nom a collé. À c’t’heure, je vomis sur du papier (au sens figuré) et je pète le feu (au sens littéraire).
Donc je te repose la question : as-tu déjà paniqué à en vomir ? J’espère sincèrement que non. Mais si tu ressens tout à 2000 %, si tu ronges tes ongles au sang, si tu flattes avec vigueur ton toutou d’enfance, si tu prends des bains de deux heures, si t’écoutes du lo-fi dans le noir, si tu entretiens une ferme optimisée dans Stardew Valley ou si tu te fais dire que tu es too much, ben tu es à la bonne place. Moi, j’ai un bucket d’urgence. Toi, peu importe c’que t’as, c’est chill, on est ami·es maintenant !
Au mois prochain !